Page:Revue des Deux Mondes - 1830 - tome 4.djvu/426

Cette page a été validée par deux contributeurs.
412
CORRESPONDANCE ET VARIÉTÉS.

chargé de vous offrir n’est cependant pas à comparer à une chose aussi légère et d’aussi peu de durée. Vous trouverez en effet dans ce présent, Messieurs, la preuve qu’une nation, intéressante à beaucoup d’égards, et dont la littérature mérite d’être mieux connue en Europe, ne cesse de faire de louables efforts pour étendre le cercle de ses connaissances, et un témoignage remarquable de ses progrès, que fomente et soutient la belle congrégation à la fois religieuse et littéraire de Saint-Lazare de Venise.

Placée sous la protection toute spéciale de S. M. l’empereur d’Autriche, cette savante congrégation catholique arménienne, à l’exemple des Bénédictins, ses devanciers en chrétienté, possède une riche imprimerie dont les travaux ont répandu, depuis soixante-quinze ans, tant de lumières parmi le peuple asiatique où elle se recrute, et qu’elle se fait un devoir d’instruire et d’éclairer. Mais elle n’est pas la seule à s’en occuper, et il existe encore à Constantinople, outre celle du patriarche, une presse en état de produire un ouvrage aussi soigné et aussi beau que celui qui vous est présenté. L’éditeur vient de résoudre enfin assez heureusement le problème que les savans anglais du fort Williams de Calcutta et les effendis d’Istambol ont aussi tenté, mais avec moins de succès : je veux parler de la création d’un corps bien calculé du caractère persan nommé taalik, dont le type a été gravé et fondu sous les yeux et par les soins de M. le chevalier Jacques Douz-Oglou (Amyra Agob-Douzian), chef actuel de l’illustre et infortunée famille de ce nom, qui fut frappée, en 1819, d’une disgrâce presque sans exemple, même dans les annales ottomanes. De puissantes intrigues, trop habilement dirigées par des hommes qui, deux ou trois ans après, ont été renversés à leur tour, parvinrent à anéantir une fortune qui était le fruit de cent cinquante ans de travaux héréditaires : phénomène bien nouveau dans une cour despotique comme celle du Grand-Seigneur. Mais, non contens de piller et de dévorer de si grandes richesses, les ennemis de cette maison ca-