Page:Revue des Deux Mondes - 1830 - tome 4.djvu/421

Cette page a été validée par deux contributeurs.
407
LES AÉROSTATS.

Mille ans après s’opéra une nouvelle révolution. Un autre téméraire s’engagea à marcher sur l’eau dans un tonneau retenu au rivage par une simple corde. Il promit même qu’il finirait par couper cette corde, et qu’au moyen d’une perche il traverserait un fleuve à la vue de tous les assistans. Stupéfaction générale ! De toutes parts, on entendait retentir des voix confuses : Il n’osera tenter l’épreuve ! s’il essaie, il sera englouti dans les flots. L’audacieux tint parole, et en présence d’une foule immense attirée par la curiosité, il s’abandonne au courant pendant au moins six brasses, puis, levant la tête hors de son tonneau, il s’élança sur le rivage au bruit des applaudissemens et des cris de joie poussés par les spectateurs. Il fut aussitôt couronné de lauriers, et porté en triomphe jusqu’à sa demeure.

Ce fut ainsi que les hommes, apprenant à dompter un nouvel élément, se créèrent des besoins nouveaux, et voguèrent, au gré des vents, du siècle d’argent dans le siècle de plomb.

Je vis mille ans plus tard l’âge soi-disant héroïque de la Grèce : Hercule, montant un canot, pénétra par la Méditerranée jusque dans le jardin des Hespérides, où, fier de son audace, et pour éterniser la mémoire de ce fait inoui, il éleva une colonne avec cette inscription présomptueuse : Nec plus ultrà ! Oh ! pour le coup, personne ne devait aller plus loin… Nouvelle fermentation dans les esprits. La navigation donna naissance au commerce. Les peuples firent entr’eux des échanges de tous les objets nécessaires à la commodité de la vie, et même des vaines productions du luxe. Alors les hommes, vêtus de pourpre, d’or et de soie, cheminèrent dans le siècle de fer.

Trois mille ans s’écoulèrent encore, et un Génois,