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LA GRÈCE EN 1829.

C’est encore la même pensée qui a dicté ces instructions secrètes envoyées à M. Reyneck pendant l’insurrection de Candie. Les mêmes instructions ont sans doute été données à Ypsilanti, à en juger du moins par ce qu’il a essayé de faire en Livadie. On s’est efforcé de soulever les populations, quitte à les abandonner l’instant d’après ; d’instituer des municipalités éphémères ; de se faire faire des adresses, pour présenter ensuite ces brillans résultats à l’opinion de l’Europe, et la décider à exiger des gouvernemens qu’ils adjoignent ces prétendues conquêtes à la Grèce déjà affranchie. Lorsque le président prit, au mois d’août 1828, la résolution d’envoyer une expédition en Candie, sa détermination fut si soudaine, que, peu de jours auparavant, en se rendant à Corfou, il avait positivement déclaré qu’il n’entreprendrait rien de ce côté, et avait été le premier à reconnaître toutes les raisons qu’il y avait de rendre ce malheureux pays à la tranquillité. À son retour, l’expédition était décidée ; c’est que dans l’intervalle, il avait appris l’arrivée prochaine de nos troupes en Morée. Quand il les a vues, il a calculé qu’une pareille démarche ne pouvait pas être sans conséquences, surtout depuis qu’elle n’avait plus pour but l’évacuation de la Morée par l’armée égyptienne, cette évacuation ayant déjà été résolue par la bataille de Navarin, et, en dernier lieu, par la convention d’Alexandrie ; que le drapeau français flottant en Morée, notre armée ne pourrait pas rester tranquille spectatrice de la