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LA GRÈCE EN 1829.

jouer un rôle[1]. La situation de la Grèce vis-à-vis chacune d’elles est facile à saisir, d’après le genre d’intérêt qu’elles prennent elles-mêmes dans cette grande lutte. La Russie doit chercher à maintenir dans la Grèce un point d’irritation qui forme une diversion utile à ses projets ; aussi, lorsque la délimitation de la Grèce a été débattue entre les trois puissances, a-t-elle constamment proposé de lui donner la plus grande extension possible ; elle entretient les Grecs dans ces idées, et les soutient de son influence, si ce n’est de son argent, dans leurs projets chimériques de conquêtes. L’Angleterre tient, par les mêmes raisons, une conduite absolument différente ; elle désire que la question grecque soit terminée le plus tôt possible, et veut la fixer de la manière la plus courte et la plus simple. Quant à la France, il est difficile de dire ce qu’elle a voulu depuis le commencement de l’insurrection grecque ; son cabinet a long-temps flotté dans des incertitudes. L’opinion du pays le poussait à servir les Grecs, et lui a fait faire son expédition de Morée : mais en même temps il craignait de trop s’engager ; il voulait éviter une rupture avec la Porte, rupture sans aucun avantage, et qui l’aurait fait sortir de la position d’expectative où il lui convenait de rester. Pour concilier des devoirs aussi opposés, il renfermait son

  1. Qu’on se reporte à l’époque où ceci a été écrit ; depuis lors des questions bien plus européennes sont venues compliquer les embarras de la diplomatie.

    (Note du D.)