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VOYAGES.

J’ai été à même de les apprécier, et bientôt, j’espère, votre propre expérience vous convaincra qu’elles sont fondées.

Le colon est généralement bon, humain, généreux, à ce point qu’il fera des sacrifices pour venir au secours de celui dont il aura à se plaindre, et qu’il ira même le soigner lorsqu’il sera malade. Le nègre n’a jamais connu ce beau sentiment pour son semblable : il s’éloigne du nègre souffrant, et ne s’en rapproche que pour le porter en terre, parce qu’alors ce triste devoir n’est pas pour lui sans plaisir. Le colon est très-susceptible. Blessé dans son amour-propre, il se croirait déshonoré de le souffrir. Sa vengeance est noble, mais jamais cruelle ; quels moyens n’a-t-on pas de donner à ces sentimens la meilleure direction ! On n’a à combattre chez lui aucuns mauvais principes, aucune opinion politique contraire au gouvernement. Il sent le besoin de la religion, et se plaît à ses exercices autant par conviction que par mœurs et par habitude, et pour donner le bon exemple ; les colons sont probes et intègres dans les fonctions honorables qui leur sont confiées. Juges, ils sont invariables dans leur conduite, quoiqu’ils ne soient pas inamovibles.

On ne saurait donc trop appeler la sollicitude du gouvernement sur une partie estimable de la société qui ne demande qu’à être utile à la métropole, qui l’est réellement, et qui le serait encore davantage, si l’on excitait son émulation et ses travaux, et si l’on assurait sa tranquillité.