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LETTRES SUR LA GUADELOUPE.


No V.


Monsieur,

À cinq heures du matin, je me suis rendu chez M. S***. Nous sommes montés à cheval et sortis de la ville par le champ d’Arbot. Le soleil aux Antilles offre un tableau imposant. À mesure que nous nous élevions, nous découvrions de nouvelles richesses. À nos pieds, la rade où flottaient les pavillons de divers navires ; au-dessus de nous de hautes montagnes, couvertes de la végétation la plus belle, se perdaient dans les nues ; des torrens en descendaient avec fracas. Tout était coloré des feux du soleil. Des camélias, des cactus nuancés des couleurs les plus vives parfumaient le chemin. Les oiseaux-mouches, les sucriers planaient avec rapidité au-dessus de leurs calices, et leur brillant plumage reflétait l’or et l’azur.

Eh bien ! me dit M. S***, vous admirez ce ciel des tropiques ? La nature fut-elle jamais plus belle, plus parée ? — Non, je l’avoue, mais je frémis quand je songe que les plus grands fléaux pèsent sans cesse sur ce magnifique pays, et qu’il est peuplé d’esclaves. — Puisque vous revenez sur ce chapitre, veuillez écouter quelques observations sur le caractère des colons et sur leur position.