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VOYAGES.

résolution d’en défendre entièrement l’usage, et le succès de cette mesure a passé toutes leurs espérances. La tranquillité règne sur ces plantations, l’état sanitaire s’est amélioré, et un bien plus grand nombre d’enfans y naissent maintenant ; il n’est plus nécessaire même de recourir aux châtimens rigoureux pour maintenir l’ordre et la discipline.

» Les écrits de plusieurs médecins éclairés viennent à l’appui de ce système. Ils nient l’efficacité des boissons spiritueuses pour prévenir les fièvres, et indiquent de meilleurs remèdes. On a remarqué que sur les habitations où l’on est dans l’usage de donner un verre d’eau-de-vie aux noirs, quand ils sont mouillés, ils recherchent avidement et sans nécessité toutes les occasions d’être inondés par la pluie ou transis de froid, afin d’obtenir leur breuvage favori. Dans les États-Unis, la pauvreté ou la ruine d’une foule d’individus, et les neuf dixièmes des crimes qui s’y commettent, sont dus aux boissons fortes et à l’abus fréquent de ce poison funeste. Qu’il est donc louable le planteur qui, en maintenant ses esclaves dans une heureuse ignorance, les préserve ainsi du mal physique et moral qui accable tant d’hommes libres ! »

Après avoir séjourné quelque temps sur les établissemens de plusieurs de ses compatriotes, le docteur Abbot se rendit par terre à la Havane, et de là à une soixantaine de milles au S. O. sur la côte méridionale de l’île, qu’il parcourut ensuite en tout sens. Il fit de la sorte successivement de huit cents