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ÎLE DE CUBA.

la Virginie. Ils sont conduits à l’ouvrage dès la pointe du jour, et ne rentrent dans leurs cases qu’à la nuit ; souvent même, quand l’ouvrage est pressé, on les fait travailler à la clarté de la lune et des étoiles. Il en résulte que la mortalité des noirs est très-grande ; on la calcule sur quelques plantations à douze ou quinze pour cent. Plusieurs colons n’achètent que des esclaves mâles, comme étant plus propres aux rudes travaux qui leur sont imposés. Cependant, depuis la promulgation des lois contre la traite, qui rend les arrivages des remplaçans un peu plus difficiles, on commence à s’intéresser davantage à la reproduction de l’espèce dans l’île même. Malgré les peines décrétées contre ceux qui se livrent encore à la traite, ce commerce est loin d’avoir entièrement cessé ; il se fait seulement moins ostensiblement, et la marchandise est payée plus cher. Les bâtimens employés sont de petits schooners construits sur le modèle de ceux de Baltimore, et remarquables par leur marche supérieure. Ils entrent souvent dans les ports des États-Unis, sous prétexte de détresse, mais en effet pour y acheter ce qui sert à leurs opérations illicites, car ces marchandises se trouvent à meilleur compte sur le continent américain que dans l’île de Cuba. Tous ces fins voiliers sont sensés faire le commerce d’or et d’ivoire sur les côtes, ou en remontant les rivières de l’Afrique ; quand ils échappent aux croiseurs anglais, les bénéfices sont énormes, et il faudra bien un jour avoir recours à d’autres moyens que ceux em-