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ÎLE DE CUBA.

pénétrant de la région que vous avez quittée il y a si peu de jours. Ce sera pour vous une source inépuisable de bien-être et de jouissances. Quand vous aurez suffisamment goûté un sommeil salutaire, ou quand vous serez fatigué de la lecture de Byron ou de Walter Scott, vous pourrez encore passer plusieurs heures du jour à rêver assis près d’un mât ou dans le taclage du vaisseau ; des objets nouveaux vous entourent en foule, et le spectacle à chaque instant varié qu’offre l’élément si souvent perfide sur lequel vous voguez, spectacle tour à tour doux, effrayant ou sublime, qui ne lasse jamais que par le calme plat, peut fournir à lui seul d’amples sujets à vos méditations.

Au bout de l’horizon apparaît enfin une légère brume bleuâtre, on la distingue à peine des nuages ; bientôt les bords se dessinent mieux à la vue, c’est Cuba, et une foule de sensations nouvelles viennent assaillir le voyageur qui découvre pour la première fois cette île. Tous les regards sont fixés sur ce point ; chacun cherche à reconnaître le Pan de Matanzas, qu’on vous a décrit d’avance comme une montagne qui ressemble au chapeau d’un quaker : examinez bien, peut-être aurez-vous la gloire de l’apercevoir le premier.

Dans un beau jour, éclairé par un doux soleil, la baie de Matanzas est superbe à voir. Le long de la baie à droite, on passe devant une rangée d’îlots, derrière lesquels s’élèvent des rochers escarpés. Quelques petites huttes de pêcheurs et des cases de