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VOYAGES.

commencé, nous perdrions de vue M. Abbot et ses lettres. Revenons-y donc, en omettant toutefois une foule de détails, tels que l’approche du Hole in the wall, le grand nombre de navires qu’on est certain de rencontrer venant de tous les points du globe, les joyeuses exclamations de l’équipage à la vue de la terre basse d’Abaco, l’aspect aussi nouveau qu’agréable des nombreux palmiers rangés en file au bout de l’horizon, les petites îles verdoyantes qu’on laisse à gauche, la plupart inhabitées, ou portant quelques mauvaises huttes de pêcheurs ; le passage du banc de Bahama, la transparence remarquable des eaux de la mer, dont vous découvrez le fond sablonneux, parsemé de taches par les éponges qui y croissent.

En passant le banc de Bahama, vous vous rappellerez sans doute qu’à vingt-cinq lieues environ à l’est se trouve San Salvador, la première terre que découvrit Christophe Colomb. En consultant la carte, la distance vous paraîtra peut-être grande ; mais qui ne désirerait se détourner de quelques milles de sa route pour visiter les lieux où les premiers pas européens furent imprimés sur le sol d’un nouvel hémisphère ? Si vous avez laissé derrière vous les sombres nuages et les vents impétueux vers la latitude des Bermudes, ou à l’entrée du golfe du Mexique, le reste de votre voyage se fera à travers une atmosphère pure et lumineuse ; la chaleur vivifiante du climat vous ranimera, et vous en éprouverez la douce influence par le contraste qu’elle offre avec les vents glacés et le froid