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CORRESPONDANCE ET VARIÉTÉS.

environs de Québec s’élève à 350, et l’on estime leur capital à 25,000 liv. sterl. Nous n’avons pas lieu de nous plaindre cette année des pauvres et des gens privés de travail, car la facilité avec laquelle on obtient des établissemens nous a délivrés de ce fardeau. En somme, le nombre des arrivages et l’argent qui les accompagne offrent une perspective encourageante.


§ II.


RELATION D’UNE TRAVERSÉE AUX INDES.


Pondichéry, 22 février 1830.


Mon cher compatriote,

Après cent vingt-huit jours de navigation, plus un mois de relâche, soit au cap de Bonne-Espérance, soit aux îles de France ou de Bourbon, je suis arrivé à Pondichéry le 24 janvier 1830, à dix heures du soir ; la nuit était profonde, la mer violemment agitée. Mon voyage a été fort heureux, sans toutefois avoir été exempt de gros temps et de tempêtes. Nous restâmes douze jours à la cape dans le golfe orageux de Gascogne, et doublâmes après le cap Finistère. Nous eûmes bientôt atteint les Canaries, et aperçu le pic de Ténériffe, dont la cime aérienne attire depuis tant de siècles la curiosité des navigateurs. Parvenus dans les parages des îles du cap Vert, rien n’égalait la vitesse de notre léger navire fendant la surface bleuâtre des mers paisibles du Sénégal, dans la région des vents alisés, sous le ciel d’or et d’azur des tropiques.

Nous coupâmes l’équateur par un temps peu commun ; il faisait froid, on endurait le drap, il pleuvait, le temps était