Plus d’une fois les politiques de cette capitale ont répété que les efforts du sultan pour former une armée disciplinée à l’européenne seraient inutiles, tant qu’il n’établirait pas des lazarets pour garantir Constantinople de la peste, qui devrait exercer principalement ses ravages dans les casernes. Quoique tout le monde se récrie contre les préjugés religieux des Turcs, sans en bien connaître la nature et la force, le sultan a toujours eu cette pensée de fermentation des lazarets ; mais depuis que la résolution a été prise de la mettre à exécution, voilà que tout à coup les Francs changent de langage et trouvent que la gêne des entraves est au-dessus des dangers de la peste et même du choléra-morbus ; on trouve que l’établissement d’une quarantaine compromettrait quelques droits et quelques intérêts commerciaux.
Le 2 novembre, une conférence a eu lieu entre les drogmans et chanceliers des diverses légations et le nazir, directeur de la chancellerie du port, pour discuter un projet d’établissement sanitaire. Le nazir a dit aux personnes réunies chez lui que le gouvernement attendait leur opinion pour former la sienne, et qu’il suivrait les mesures qui lui seraient indiquées comme les plus convenables. Voyons maintenant si on lui proposera des mesures, et si les Européens, qui ont tant désiré voir arriver le moment où la Porte adopterait les précautions admises dans les états civilisés, voudront bien s’occuper de seconder aujourd’hui ses bonnes intentions à cet égard, en mettant de côté, dans un but de sûreté générale, les petits inconvéniens qui peuvent résulter de la nouvelle mesure pour quelques intérêts particuliers. Du moins, si le projet d’un établissement sanitaire se borne à la conférence qui a eu lieu, ne faudra-t-il plus accuser la Porte d’incurie et d’obstination. Ces reproches devront aller ailleurs.
GRÈCE. — Situation actuelle d’Athènes (20 octobre.) — Les Turcs s’occupent de vendre les biens qu’ils possèdent