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CORRESPONDANCE ET VARIÉTÉS.

donner la peine de suivre la revue à cheval : aussi l’ambassadeur d’Angleterre et le ministre de Prusse furent les seuls qui, pour voir les manœuvres de plus près, furent à cheval se placer sur une hauteur, mais sans s’approcher du grand-seigneur.

De retour au salon de verdure, de nombreux rafraîchissemens furent encore offerts, et des danseurs de corde amusèrent l’assemblée en attendant l’heure du dîner. Tout avait été prévu, et la galanterie turque avait été jusqu’à faire disposer une tente particulière pour que les dames y pussent arranger leur toilette.

À quatre heures, le séraskier-pacha fit le tour de la plaine pour faire retirer le peuple, et, après avoir fait défiler les troupes, il donna l’ordre à deux régimens d’infanterie de cerner l’enceinte où se trouvaient le kiosque de Sa Hautesse et une riche tente contenant une table de soixante-quatorze couverts.

On se mit à table vers cinq heures. Mustafa-bey porta la santé des souverains amis et alliés dont les représentans l’honoraient de leur présence. Cette santé fut suivie de vingt-un coups de canon, tirés par une batterie placée tout près de là. L’ambassadeur de France, au nom du corps diplomatique, répondit à cette santé en portant celle du sultan. Une nouvelle salve de vingt-un coups de canon suivit ce toast.

Vers la fin du dîner, le sultan se présenta à l’entrée de la tente. L’ambassadeur de France, l’ayant aperçu le premier, se leva ainsi que tous les assistans, et cria vive l’empereur Mahmoud ! Ce cri, répété à plusieurs reprises par tous les convives, et de nombreux hourra témoignèrent à Sa Hautesse la satisfaction que faisait éprouver sa présence, et combien on était sensible à cette marque flatteuse d’une bienveillante distinction. Lorsque le silence fut rétabli, le sultan demanda à l’ambassadeur de France si lui et tous ses collègues étaient satisfaits de la revue et de la fête en général. L’ambassadeur répondit affirmativement ; Sa Hautesse lui adressa encore quelques mots, et fit le tour de la