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Quand ta mère enchantée et rieuse en ses fêtes,
Voyait bondir la foule et tournoyer les têtes,
Et se presser confus les mannequins titrés,
Les habits cousus d’or, et de croix chamarrés,
Automates parlans, garde-robe vivante
Qui bruit dans les cours comme une mer mouvante,
Dans mon âme souvent je me suis dit : Mon Dieu !
La ruine du trône est ici, dans ce lieu !
Voyez-les, voyez-les, ces salles inondées
D’orgueilleuse ignorance et de vieilles idées !
Par le temps, le malheur, nul ne fut corrigé :
Le monde a couru vite… Aucun d’eux n’a bougé.
Tels ils étaient hier, tels ils seront encore
Et demain et toujours… Un besoin les dévore
De jeter de la boue au siècle qu’ils n’ont pas
La force d’arrêter, ni de suivre à grands pas.
Voyez l’avidité… Chacun pousse et se rue ;
La foule s’entrechoque aux portes qu’elle obstrue :
Il faut serrer les rangs, voiler le jour qui luit ;
Il faut qu’autour des rois le rempart soit construit,
De sorte que jamais le peuple ne parvienne
À lancer par-dessus sa clameur citoyenne.
Malheureux insensés ! un enfant près d’ici
Sommeille, et vous jouez son diadème ainsi !…
Et quand viendra le jour de payer votre dette,
Dites-moi, pourrez-vous, héros de l’étiquette,
Lui rendre sa couronne et son royal trousseau,
Lorsque vous les aurez perdus dans le ruisseau !
Et je disais cela dans mon cœur, avec larmes,
Ne sachant pas qu’un jour Paris crîrait : aux armes !
Que l’erreur périrait, que les peuples lassés
Se diraient fièrement un matin : C’est assez !…
Et qu’il plairait à Dieu dans ce temps des merveilles,
De jeter un secret immense à leurs oreilles !….
Les flatteurs devaient tous mourir pour leurs vieux rois ;
Des hauteurs de Saint-Cloud, regarde, enfant, et vois
Paris étincelant du fleuret des batailles ;
Pendant que le tocsin sonne les funérailles,