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FRAGMENS LITTÉRAIRES.

lantes de l’Inde… Le vent s’empresse d’enfler vos voiles ; le soleil brille dans un ciel d’azur ; les ondes s’inclinent sur votre passage, comme le coursier fougueux sous la main qui l’a dompté… Voguez, voguez, géants dominateurs ! que ne puis-je vous suivre !


XII.

Mais non ! je reste enchaîné sur ce fatal rivage ; je lutte en vain contre le vautour qui me dévore. Flots brillans de l’Adriatique, ruines d’Athènes, sommets de l’Olympe, bosquets parfumés du Bosphore, je ne vous verrai donc jamais !


XIII.

Quoi ! jamais la jeune et virile Amérique, la patrie de Washington, la fille adoptive de Lafayette ! jamais ces gigantesques forêts, ces fleuves immenses, ces lacs grands comme des océans, rapides comme des cataractes !


XIV.

Jamais les Pyramides, ni la plage deux fois ensanglantée d’Aboukir, ni la poussière de Thèbes, ni le sable immortel du désert, ni les ossemens de nos légions près du tombeau de Sésostris !…


XV.

Jamais les bords sacrés du Gange, ni les colléges vénérés des brames, ni les palais d’Aurengzeb, ni cet antique et mystérieux empire, avec ses langues disparues et ses immuables croyances, ses dynasties fabuleuses et sa compagnie de rois-marchands !


XVI.

Jamais ! jamais ! Comment se soustraire au destin aveugle ?