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L’EUROPE AUX XVe ET XIXe SIÈCLES.

C’est à ces deux élémens que Venise dut sa grande prospérité et ses immenses richesses, ainsi que le Portugal, et après lui la Hollande et l’Angleterre. Mais il faut remarquer que Venise conserva long-temps sa prospérité, parce que cette république avait des maximes fixes et une forme de gouvernement propre à les maintenir, tandis que l’Espagne, le Portugal surtout, dont la fortune fut bien plus rapide et plus brillante, tombèrent presque aussitôt en décadence, faute d’un gouvernement constitué de manière à s’occuper sans relâche des moyens d’assurer la prospérité nationale. C’est ainsi que la Hollande et l’Angleterre, qui héritèrent des dépouilles du Portugal, ont non-seulement su conserver, mais ont donné à leur système commercial un développement inconnu dans les temps anciens. Le lecteur instruit pourra faire d’autres rapprochemens que le manque d’espace nous force à supprimer, et qui ont déjà été faits dans nos tableaux statistiques de la monarchie française, de l’empire russe et de la monarchie anglaise, que nous avons publiés récemment.

Mais, avant d’offrir le tableau comparatif de l’Europe aux deux époques susmentionnées, il faut que nous indiquions les sources auxquelles nous avons puisé.

Le premier tableau a été rédigé par Marino Sanudo le jeune. Ce noble Vénitien traça en 1485 un aperçu statistique des ressources militaires des principales puissances du monde alors connu, en