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DE LA PÉNINSULE SCANDINAVE.

nombre des membres s’est infiniment multiplié. De plus, la possession des terres-nobles ayant été, en 1789, rendue légale pour toutes les classes de citoyens, l’exemption du recrutement est devenue un privilége attaché à une certaine classe de terres et non de personnes. En cas de guerre, ces terres privilégiées sont forcées de pourvoir à une levée extraordinaire qui reçoit le nom d’extra-rotering, et se répartit entre les régimens indelta.

Dès que l’association est venue à bout de trouver un homme de bonne volonté qui consente à consacrer sa vie entière au service militaire, le gouvernement s’empare de sa personne, se charge de son armement, et l’astreint à habiter et à cultiver le torp qui lui est assigné, où il peut se fixer avec sa femme et ses enfans, s’il est marié, et qu’il fait valoir de la manière qui lui convient. Quelquefois, quand le produit du terrain est reconnu insuffisant pour assurer sa subsistance, l’association qui l’a engagé lui accorde une légère indemnité, soit en grains, soit en argent. Le gouvernement rend le même service aux officiers dont les bostœlle, primitivement attachés à leur grade, ont diminué de valeur par suite des temps. On s’est arrangé de manière à grouper les habitations des soldats autour de celles des officiers, et à répartir les bostœlle de toute une compagnie et même de tout un régiment sur le plus petit espace possible, de sorte que les cantonnemens d’un régiment indelta constituent une véritable colonie militaire. Les villages que forment ces réunions de fiefs militaires