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LA GRÈCE EN 1829.

surée que les hautes puissances lui recommandent, personne ne lui reprocherait de ne pas donner à ses troupes régulières une organisation plus étendue ; mais on a droit de le faire, quand on le voit ne rien créer pour la stabilité du pays, et se jeter en aveugle dans de folles tentatives qui ne peuvent que perpétuer le désordre. Quand l’armée française est venue en Morée, plusieurs amis lui ont donné secrètement le conseil de profiter de ce moment pour s’emparer de quelques pays au-delà de l’Isthme ; on pensait que, si les Grecs parvenaient une fois à s’emparer de l’Attique, le traité qui interviendrait par la suite avec la Porte pour régler définitivement leurs limites, ne leur enlèverait point cette conquête. Le gouvernement grec a-t-il cru atteindre ce but, en lançant ses hordes de palikares dans les montagnes de Livadie ? Le rôle qu’elles ont joué jusqu’à ce jour devait faire prévoir aux moins clairvoyans quel serait le résultat de leur nouvelle campagne ; et certes avec toute la bienveillance que l’Europe porte aux Grecs, il leur sera, cette fois, impossible de lui persuader qu’ils possèdent réellement une seule lieue de terrain au-delà de Mégare. Si le corps régulier eût été alors bien organisé, si on eût dirigé une attaque sérieuse sur l’Attique, avec des moyens suffisans pour en chasser les Turcs, et réduire Athènes par un blocus rigoureux, on était disposé à pardonner aux Grecs ces nouvelles hostilités ; les puissances les auraient désavouées, mais cependant elles n’en seraient pas moins parties du statu quo, lors du traité, pour arrêter avec les