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HISTOIRE MODERNE.

cond lieu, ces conseils sont à mes yeux les plus funestes qu’on puisse donner aux Grecs.

Une simple inspection de la carte, et la connaissance la plus légère du pays, doivent suffire pour convaincre que la Grèce, dans les limites qui lui sont assignées, ne peut et ne doit jamais prendre une attitude de puissance à puissance vis-à-vis de la Porte Ottomane ; que la seule condition de son existence est la protection des trois puissances, dont le concours vient de la délivrer, que la déclaration de cette protection, faite par ces puissances à la Porte, assure désormais le sort des Grecs ; qu’ils sont inattaquables tant que durera cette protection, et que si elle venait à être retirée, les armées les plus régulières qu’ils pourraient mettre sur pied ne les sauveraient pas : donc ces armées sont inutiles ; bien plus, elles seraient dangereuses. Nous connaissons tous l’humeur impatiente des Grecs, leur esprit remuant, la violente tentation qu’ils éprouvent d’étendre indéfiniment leurs limites, et de continuer à profiter, aux dépens des Turcs, de la bienveillance que l’Europe leur a témoignée jusqu’à présent. J’examinerai plus tard cette question des limites, qui est vivement débattue et peu comprise aujourd’hui. De quelque manière qu’elle soit résolue, quelque portion, large ou petite, qu’on leur accorde, le raisonnement sera le même. Les Grecs tiendront ces limites de la munificence des trois puissances ; mais ces puissances, une fois qu’elles les auront posées, qu’elles les auront déclarées inviolables, voudront sans doute qu’elles soient res-