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HISTOIRE MODERNE.

leurrés d’illusions et de promesses fallacieuses ; en un mot, ils n’ont semé que la division, ont fait beaucoup de mal, et ce n’est qu’alors, malheureusement pour les Grecs, qu’ils ont fini par s’en faire mépriser. Puis ils repassaient en Europe, débitaient les contes les plus absurdes, publiaient des ouvrages, et exploitaient la crédulité publique au profit de leur gloire et de leur bourse.

Voilà les guides que nous avons eus jusqu’à présent pour nous diriger. On ne peut s’empêcher maintenant de demander comment les gouvernants, qui devaient cependant savoir la vérité par leurs agens, ne lui ont point donné toute la publicité qu’ils pouvaient si bien répandre ; je ne puis me l’expliquer que par la crainte qu’ils ont eue de choquer l’opinion, qui s’était prononcée si fortement, et d’envenimer encore la lutte qu’ils soutenaient peut-être contre elle dans les affaires intérieures de leur pays. Si tel a été leur motif, cette pusillanimité de leur part a été vraiment coupable ; car c’est grâce à elle que nous avons été entraînés hors de la route que nous devions raisonnablement suivre.

J’ai eu occasion de dire que les comités philhelléniques d’Europe avaient fait plus de bruit que rendu de véritables services à la Grèce. Tout ce qu’ils y ont envoyé, en effets comme en argent, y a été honteusement dilapidé, n’a enrichi que des voleurs, et n’a servi qu’à dégoûter de plus en plus les Grecs de combattre pour la liberté ; dès qu’ils ont vu qu’il y avait de l’argent à gagner, ils n’ont