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L’ÎLE DE L’ASCENSION.

cident fort remarquable. Vu de haut, ses bords parfaitement arrondis ressemblent à la place d’un vaste manége qui aurait été nouvellement foulé ; on y aperçoit jusqu’à la différence des lignes concentriques. La disposition de ce cratère, qui n’a que très-peu de profondeur, est certainement due à ce qu’il a autrefois contenu des eaux pluviales qui se seront peu à peu évaporées en laissant les traces que nous indiquons. Les Anglais donnent à ce lieu le nom de Cirque du Diable. Une personne instruite qui l’a visité m’a dit que, lorsqu’on était dedans, on ne pouvait plus apercevoir la régularité de son ensemble par la grandeur des reliefs.

De cette hauteur encore on se rend parfaitement compte de cette apparence de tas de scories relevées. C’est qu’après qu’elles furent formées, les irruptions qui survinrent furent des cendres qui remplirent tous les vallons, les égalisèrent en forme de plaines, et ne laissèrent que les sommités des scories apparentes. Tout le sommet du piton central, une partie même de ses flancs, ne se composent que de ces cendres agglomérées en morceaux de la grosseur du doigt et contenant des scories légères, des ponces et de petites obsidiennes : c’est ce que les Italiens nomment rapillo. On creuse avec la plus grande facilité, au milieu de ces masses, des chemins, des excavations où les habitans se logent momentanément. Dans les coupures pratiquées à cet effet, on remarque des teintes diverses, toujours dans le brun ou le noir et quelquefois des veines d’obsidienne de quelques