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LA GRÈCE EN 1829.

l’Espagne et l’Italie, les mouvemens qui ont agité la France, ont jeté en Grèce beaucoup d’esprits inquiets qui y ont apporté des idées extravagantes, et ont fait beaucoup de mal à la cause des Grecs par le vernis de carbonarisme qu’ils lui ont donné vis-à-vis des souverains de l’Europe. C’étaient tous, à les entendre, d’importans personnages. À leur suite sont venus des chercheurs de fortune, des sous-officiers renvoyés de leurs corps pour mauvaise conduite, des intrigans que de mauvaises affaires obligeaient à quitter leur pays ; ils ont pris le langage des premiers, et ont été autant de patriotes défenseurs de la liberté, auxquels on ne saurait trop tôt donner des grades et des emplois : en attendant, ils se sont affublés des titres les plus pompeux ; les uns étaient généraux, d’autres directeurs du génie et de l’artillerie, d’autres directeurs de l’instruction publique, etc., etc. Des échappés de collége débarquaient en Grèce pour prendre les préfectures et les sous-préfectures qu’on allait sans doute organiser. Je n’en finirai pas si je rappelais leurs prétentions ridicules. Heureuse eût été la Grèce, s’ils n’y eussent apporté que du ridicule ! Mais avec eux sont venus les amours-propres, les mensonges, les querelles, les intrigues, dont la Grèce était, Dieu merci, déjà assez riche. Ils n’ont pensé qu’à se déchirer entre eux, ont organisé des partis français, anglais, allemand, russe, etc., partis auxquels le pays ne songeait pas, et qui ne se sont fait connaître que par leurs folles manœuvres ; ils ont donné aux Grecs les idées les plus fausses, les ont