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HISTOIRE MODERNE.

plus vaillans, et crièrent plus fort que les autres ; c’est ce qui arrive toujours en pareil cas ; aussi je ne prétends point qu’il y ait lieu de s’en étonner.

Fabvier est du petit nombre des philhellènes (j’entends par ce nom les Européens qui sont venus prendre du service en Grèce), dont la conduite a toujours été honorable, si elle n’a pas toujours été conséquente. La plupart sont des aventuriers qui quittaient leur pays parce qu’ils y étaient mal, et venaient se donner en Grèce pour des victimes de l’injustice et des martyrs de la liberté. La France, l’Espagne et l’Italie en ont envoyé beaucoup de cette espèce ; l’Allemagne a fourni plus d’enthousiastes que les autres ; les illusions universitaires ont tourné la tête à beaucoup de jeunes gens, qui ont cru trouver en Grèce la terre classique de la liberté, mais ils ont dû être bientôt et bien cruellement désabusés. Enfin il est venu d’Allemagne, de France et de Russie des officiers qui, impatiens de l’inaction où ils vivaient, cherchaient partout un théâtre où ils pourraient exhaler leur ardeur belliqueuse. Ces derniers auraient été fort utiles aux Grecs, si ceux-ci eussent pu les comprendre ; mais ils sont restés confondus dans la foule des aventuriers, ils se sont dégoûtés, ou ils ont arrosé de leur sang une terre ingrate. Telles sont les diverses catégories dans lesquelles on peut ranger tous les philhellènes ; je n’ai pas besoin de rappeler que la dernière a été, à beaucoup près, la moins nombreuse.

Les commotions politiques qui ont tourmenté