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LA GRÈCE EN 1829.

quillement spectatrice du haut de ses remparts. Fabvier, qui y était entré en forçant la ligne de blocus, avait voulu à plusieurs reprises faire des sorties ; mais les chefs grecs qui partageaient le commandement avec lui, l’en avaient toujours empêché. Il leur avait apporté en entrant une lettre du gouvernement grec, par laquelle on recommandait aux chefs de garder Fabvier dans Athènes, et d’empêcher, à quelque prix que ce fût, qu’il en sortît. Ce n’est que plus tard que cette trame infâme lui fut dévoilée[1] ; et quand la bataille fut perdue, qu’il vit bien qu’il ne restait plus aucune ressource pour Athènes, et qu’elle serait infailliblement prise tôt ou tard, il contribua à faire signer la capitulation sous la garantie du commandant de la station française qui se trouvait alors dans le Pirée. Cette capitulation a sauvé la garnison, qui ne pouvait manquer sans cela de tomber entre les mains des Turcs. Les Grecs qui s’y trouvaient avaient intercédé avec la plus grande instance pour l’obtenir. Cependant à peine furent-ils délivrés qu’ils se retrouvèrent tous des héros. Ils se répandirent en invectives contre Fabvier et les Français, qui étaient, disaient-ils, les auteurs de la reddition d’Athènes, tandis que ces derniers l’auraient encore défendue des mois entiers, s’ils avaient été laissés à eux-mêmes. Ceux qui s’étaient montrés les plus lâches devinrent les

  1. Nous avons entendu nous-même attester ce fait par un témoin oculaire, l’un des hommes les plus dévoués à l’indépendance de la Grèce.

    P. M.