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HISTOIRE MODERNE.

armes sont terribles, ils les manient avec la plus grande dextérité, et les têtes tombent comme les épis sous la faux du moissonneur.

L’attaque des Albanais commence ordinairement par un porte-drapeau qui précède la troupe, et vient planter son étendard devant l’ennemi ou le jette dans ses rangs ; c’est alors qu’ils se précipitent tous pour le reprendre[1]. Les Grecs redoutent beaucoup ce fatal moment, et ils ne l’attendent presque jamais quand ils n’ont pas pu se mettre à couvert derrière des murailles ou des retranchemens ; mais ce qui leur inspire surtout la plus grande terreur est la cavalerie turque : ils m’en ont souvent parlé avec l’accent de la frayeur, et se regardent comme perdus lorsqu’ils l’ont en face. On sait que cette cavalerie est composée des hommes les plus déterminés qu’on appelle delhis. Montés sur des chevaux excellens, ils les manient, ainsi que leurs armes, avec une adresse merveilleuse. Il n’y a pas de terrain, quelque coupé qu’il soit, qui puisse arrêter leur charge impétueuse. J’ai vu quelques-uns de leurs champs de bataille, tel que le sommet du mont Ithôme ; on conçoit difficilement que d’autres animaux que des chèvres aient jamais pu y passer. De pareils hommes, qui se lancent partout, qui ne connaissent aucun danger,

  1. Ce trait d’audace s’est reproduit plusieurs fois dans les combats que nous avons eu à soutenir contre la milice d’Alger avant la prise de cette ville.

    P. M.