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LA GRÈCE EN 1829.

lui quelques bandits, à qui il fait de petites avances ; il se promène alors, précédé par son drapeau, dans les campagnes, fait publier ses hauts faits, les promesses qu’il prodigue à ceux qui voudront se réunir à lui, et invite tous les hommes de bonne volonté à se joindre à sa bande. Quand il en a formé une petite troupe, il va se présenter au gouvernement, lui déclare qu’il a un millier d’hommes à sa disposition, en demande la solde, ainsi qu’une commission de général pour lui. La commission est facilement accordée ; la solde éprouve plus de difficultés. Celui qui est chargé des recrues élèvera quelques doutes sur l’effectif du corps ; on les apaisera facilement en le faisant entrer dans le partage. Celui qui est chargé de délivrer les fonds élèvera des doutes à son tour ; on les fera taire par le même moyen, et, après tous ces sacrifices, le général aura encore pour lui une très-belle part du butin. Mais il se gardera bien de donner à sa troupe ce qui lui est dû. Par compensation, il l’emmènera courir les villages, lui donnera libre permission de piller, lèvera partout des contributions, et, en peu d’instans, il aura si bien ruiné le pays, que les habitans n’auront plus aucune ressource. Ceux qui sont capables de porter un fusil se joindront à la bande, car ils aimeront bien mieux aller se dédommager ailleurs des maux qu’ils auront soufferts, que d’attendre chez eux de nouvelles exactions et de nouveaux pillages. La bande grossit ainsi rapidement ; mais elle grossit bien plus encore dans les comptes du gouvernement. Les plus honnêtes se