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HISTOIRE MODERNE.

c’était le cas de laisser avec ces malheureux une escorte qui, en ralentissant la poursuite des Turcs, aurait permis à quelques-uns du moins de s’échapper. Mais les palikares s’en inquiétaient fort peu ; ils étaient sûrs de se retirer sains et saufs, et ce n’était point pour des femmes et des enfans qu’ils se souciaient de s’exposer.

J’ai voulu citer avec détail ce petit nombre d’exemples, pour donner une idée du degré de confiance que nous devons dorénavant accorder aux bulletins grecs. Chaque jour écoulé depuis le commencement de la guerre jusqu’à ce moment aurait pu m’en fournir de pareils. L’exagération est déjà un trait bien marqué du caractère des Grecs, et quand ils savent d’avance comment elle sera reçue, et l’effet qu’elle produira, nous devons nous attendre à ce qu’ils ne ménagent en rien notre goût pour le merveilleux.

Il est temps maintenant de dire comment l’armée grecque se compose, et comment elle s’est recrutée jusqu’à l’établissement du gouvernement actuel, qui ne date encore que de deux ans. Nous avons vu que les bandits des montagnes en ont été le premier noyau, et autour d’eux sont venus se grouper ceux qui avaient pris les armes pour la cause de l’indépendance, et ceux que la misère a ensuite obligés à les prendre comme dernière ressource. Prenons un corps d’armée à son origine. Un palikare veut être chef de bande ; s’il a de l’audace, de l’impudence et quelques piastres, son chemin sera bientôt fait. Il commence par rassembler autour de