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LA GRÈCE EN 1829.

Bandes irrégulières.

J’ai dit plus haut que, lorsque la révolution avait éclaté, les Grecs avaient été obligés d’adopter le genre de guerre des montagnards.

Le palikare, qui n’a aucune idée d’organisation sociale, ne voit dans la guerre qu’une occasion de licence. Il se regarde comme parfaitement libre de toutes ses actions, ne fait que ce qu’il veut, et ne connaît d’autre guide que ses caprices ou son intérêt. Il ne dépend de qui que ce soit, et s’il veut bien prendre un chef, il ne lui reste attaché que comme et autant que cela lui plaît. Il s’en passerait volontiers, s’il ne sentait, pour son intérêt et pour sa propre conservation, la nécessité d’appartenir à une réunion d’hommes. Mais il la choisit et la quitte suivant les circonstances, ou suivant son humeur. Le seul bien qui puisse la maintenir est la perspective de l’argent ou du pillage, celle du danger l’aura bientôt dissoute. Nous en avons eu mille exemples dans la guerre actuelle. On annonçait pompeusement une expédition militaire, une armée formidable. L’instant d’après, on était tout étonné d’apprendre qu’elle n’existait déjà plus ; on aurait pu croire qu’une bataille l’avait anéantie. Cette désertion provenait tout simplement du caprice des soldats, de l’attrait du pillage, enfin de mille raisons dont aucune ne tenait à la guerre. Cependant les