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TROUBLES RELIGIEUX EN AFRIQUE.

taillés en pièces et foulés aux pieds des chevaux. Quelques cavaliers, et avec eux le prophète Demba, s’enfuirent vers Ndombo ; mais ils y furent poursuivis, et Demba fut renversé de cheval et fait prisonnier, au gué du marigot de Tawy, par un canalier torodo nommé Ardo-Bantou, qui se saisit de sa personne, et le conduisit sur une goëlette mouillée près de là sur le Sénégal ; il y fut gorgé de vin et de liqueur à discrétion ; puis il fut transféré sur le Serpent. Là, monté sur le tambour de la machine à vapeur, il fit solennellement amende honorable de son imposture, rejetant la faute sur le séryn Naghiâgha-I’ysay ; ensuite il fut amené, à travers une haie de soldats de la garnison de Saint-Louis, à Richard-Tol, où il fut pendu aux branches du gonatier qui s’élève devant l’habitation ; un forçat servit de bourreau ; les Ouaolofs et les Torodos déchargèrent leurs fusils sur le cadavre de l’énergumène, et le criblèrent de balles. C’était le 10 mars dernier.

Nghiâgha-I’ysay, grièvement blessé, avait trouvé le moyen de disparaître de la mêlée ; il est, dit-on, réfugié chez les marabouths de Dakar, au cap Vert.

Maghio-Khor et Abou-Baker devaient naturellement, après cette affaire, rester arbitres du sort du Ouâlo. Le faible Fara-Penda, déchu du trone, est allé demander à Saint-Louis asile pour sa vieillesse : les Français lui accordent une ration de soldat. Un nouveau Brak a été inauguré à sa place ; Maghio-Khor est réintégré dans la dignité de nghiaoudyn