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TROUBLES RELIGIEUX EN AFRIQUE.

Maghio-Khor et Abou-Baker se trouvaient à Daghanah avec leurs troupes de Ouolofs et de Torodos ; le gouverneur les invita à marcher contre Demba, mais ce fut en vain ; soit craintive stupeur, soit dessein secret de profiter pour leur propre cause des calamités du Ouâlo, ils restèrent dans l’inaction.

Le matin, à sept heures et demie, le Serpent redescendit vers Mbilor, au moment où l’armée ennemie, prête à partir, faisait la prière ; Demba accomplissait alors ses ablutions dans le fleuve ; quand il aperçut le bâtiment, il lui commanda de s’arrêter, le menaçant de mettre le Sénégal à sec en avalant toute l’eau ; mais un de ses disciples l’avertit qu’il lui faudrait aussi boire la mer, dont le flot viendrait sans cesse remplir d’une nouvelle eau le lit du fleuve ; un autre le supplia de ne point enlever aussi légèrement aux nègres riverains les ressources de la pêche : cette double considération toucha sans doute le saint personnage ; il renonça à accomplir sa menace, et le Serpent put continuer sa marche jusque devant Mbilor. Le séryn de Keur-ou-Mbay, village peu distant vers le sud, était en ce moment en discussion avec les réformateurs, et il était près de subir le sort réservé aux réfractaires, lorsque tout à coup le Serpent, lâchant successivement ses bordées, fit disparaître le village de Mbilor, et dispersa l’armée insurrectionnelle, en lui tuant beaucoup de monde. Dès qu’elle parut à découvert, les pierriers de Mbaroul furent dirigés sur les fuyards, et bien qu’à la pre-