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SOUVENIRS DES CÔTES D’AFRIQUE.

en existe aussi à Cagnabac une quantité d’autres que je n’avais pas vus jusqu’alors.

Les cases sont généralement bien bâties et proprement tenues. Une remarque à faire, c’est que, depuis Saint-Louis jusqu’a Sierra-Léone, tous les peuples construisent mieux que les Wallos, ce que j’attribue à ce que les beaux mangliers sont communs chez eux, et à ce que cet arbre, par sa tige droite et élevée, est merveilleusement propre à faire des toitures : dans le Wallo, au contraire, où les bois sont rabougris, les habitans doivent nécessairement proportionner leurs cases aux moyens qu’ils ont de les couvrir.

Si les autres peuples s’adonnent plus qu’eux à l’agriculture, j’en vois encore la raison dans la nature du sol et dans le climat : les Wallos cultivaient du mil jusqu’à ma porte ; je pouvais même, sans sortir de ma chambre, suivre leurs travaux ; j’ai vu des nègres s’adonnant avec ardeur, pendant quatre ou cinq mois, à la culture du gros mil, ne quittant leurs champs ni nuit ni jour, puisqu’ils les gardent la nuit pour les préserver de l’invasion des singes ; et lorsque la récolte était faite, ils n’avaient souvent pas assez de grain pour se nourrir quatre autres mois. Sur le reste de la côte, au contraire, la terre les paie avec usure de leurs peines ; se trouvant dédommagés de leurs travaux, il est naturel qu’ils s’y livrent avec ardeur. Je sais qu’en attribuant au sol et au climat, et non aux hommes, le mauvais état de la culture dans le Wallo je me mets en contradiction avec beaucoup