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HISTOIRE MODERNE.

Un Hindou, quelle que soit la caste à laquelle il appartienne, ne touche jamais à des alimens apprêtés par un Musulman, quoique celui-ci ne se fasse aucun scrupule de manger ce qu’a préparé un Hindou. Mais en général cependant, les Musulmans ont tellement adopté les préjugés de castes, qu’ils ne permettront jamais à un Paria de toucher à leurs ustensiles de cuisine, ou de leur porter de l’eau. Les Européens, qui dédaignent avec raison ces distinctions, sont placés par les Hindous et les Musulmans, sur la même ligne que les Parias, et malgré leur puissance et leur autorité, sont regardés comme aussi impurs que ces infortunés. Il est cependant quelques Musulmans au-dessus de ces préjugés, et qui sans difficulté prennent place dans un repas à côté des chrétiens, après s’être assurés cependant qu’il n’y a aucun Paria, ni parmi les cuisiniers, ni parmi les domestiques.

En passant auprès des habitations des indigènes, et surtout de celles des Cipayes, il faut s’abstenir de regarder dans l’intérieur, de chercher à y pénétrer, et de faire quelques observations sur aucun des membres de la famille. Ainsi, il est de la dernière impolitesse de demander à un Hindou ou à un Musulman, comment se porte sa femme, eût-on la certitude qu’elle est à la dernière extrémité. Il est également inconvenant de parler à un homme de ses enfans, et surtout des petites filles au-dessus de l’âge de trois ans. Mais si les cipayes éprouvent une pareille répugnance à admettre des Européens dans l’intérieur de leur domicile, ils sont au con-