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LETTRES SUR L’INDE ANGLAISE.

événemens auxquels ils ont assisté. Rien ne gagne le cœur d’un vieux soldat comme de lui parler de ses anciens services. Je n’ai pas à craindre que vous vous laissiez jamais emporter jusqu’à frapper un habitant, et moins encore un militaire. Il vous suffira, pour vous en détourner, de considérer comme une lâcheté impardonnable d’outrager un homme qui, retenu par sa position ou par la discipline militaire, ne peut exercer aucune vengeance.

Il est donc indispensable que vous vous mettiez au fait des usages et des rites de vos soldats ; vous les respecterez, toutes les fois qu’ils ne seront pas en opposition avec le service. Ainsi, vous savez déjà[1] que vous devrez permettre, au camp ou au bivouac, que les Cipayes éloignent de la ligne le petit cercle où ils font leur cuisine, et vous abstenir alors de toucher à leur personne ou aux vases dont ils se servent. Cette condescendance vous en impose une autre, c’est de connaître les objets dont le contact imprime une souillure, et ceux qu’on peut toucher impunément. Au nombre des premiers, sont les vases de terre de toute espèce, l’eau dans les pots, et tous les alimens préparés. Si un étranger pénètre dans le cercle consacré à la cuisine, sa présence souille non-seulement le local, mais tous les objets qui s’y trouvent. Les fruits secs, les grains, et en général les végétaux qui n’ont pas été soumis à la cuisson, ne sont pas susceptibles d’être profanés.

  1. Voir la première lettre