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DÉMÊLÉS DE LA FRANCE ET DES ÉTATS-UNIS.

ver, à cinquante ans de distance, toujours combattant pour la même cause, celle des peuples ! traverser trois grandes révolutions avec un caractère toujours ferme, une vertu toujours inaltérable !… Il ne manquait à la plus pure des réputations modernes que de présider à la restauration de 1830 ; car nous avons aussi maintenant notre restauration, mais toute de liberté, de légalité. Une ère de progrès se lève pour la France ; elle va rentrer enfin dans les voies d’une politique grande et forte, sous les auspices d’un prince qui comprend ses besoins. Dans une telle circonstance, chacun doit apporter le tribut de ses lumières pour éclairer et faciliter la marche d’un gouvernement qui doit être essentiellement réparateur, s’il veut asseoir sur des bases durables l’édifice que la confiance publique l’appelle à consolider. Nous espérons donc qu’on nous saura gré de présenter ici quelques considérations sur un objet qui mérite d’occuper sérieusement son attention ; nous voulons parler des réclamations des États-Unis. Déjà Lafayette avait fait entendre sa voix à la chambre dans la session de 1828 :

« Tandis que des puissances européennes, disait-il, étaient largement indemnisées de leurs prétentions, il eût suffi aux États-Unis d’une démarche hostile, ou seulement d’une communauté de réclamations, pour voir acquitter les leurs. Elles ne sont pas encore liquidées, faute d’avoir voulu s’inscrire au nombre des ennemis de la France… » Mais le temps n’est plus où une voix aussi honorable était à peine écoutée, et celui d’une juste réparation est