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SOUVENIRS DES CÔTES D’AFRIQUE.

talité les choses les plus demandées et les revendent comme ils veulent.

Pour donner une idée de la force de la végétation de ce pays, je citerai quatre fromagers qui ont poussé sur des terres de rapport, près des bastions du fort de Bissao : ces arbres ont à peu près dix brasses de circonférence à hauteur d’homme ; on sait que le tronc du fromager s’élève à une grande hauteur en diminuant insensiblement de grosseur. Curieux de connaître à peu près l’âge de ces arbres, poussés évidemment après la construction du fort, j’appris qu’il n’y avait que quatre-vingts ans que celui-ci avait été élevé.

Le fort de Bissao est bâti en pierre, entouré d’un long fossé que j’ai vu à sec, mais qui pourrait conserver les eaux pluviales pendant toute l’année, vu la nature du terrain ; il existe même dans le haut de la ville une source qui, je crois, pourrait l’alimenter. C’est le plus beau fort que j’aie vu sur la côte.

La garnison, tant officiers que soldats, se compose de nègres, de mulâtres et de blancs. On déporte généralement du Portugal aux îles du cap Vert, et des îles du cap Vert à Bissao, à Cachéo ; cela peut faire apprécier d’avance la proportion d’honnêteté qu’on doit espérer de rencontrer ici.

Les soldats sont sales, nourris seulement les jours de service : leur paie consiste en une livre de tabac et une bouteille d’eau-de-vie par mois ; quelquefois l’eau-de-vie est remplacée par une livre de poudre.