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VOYAGE EN ASIE.

pérés, et les tuent là où ils les rencontrent. Les exilés sont donc forcés d’être vertueux, et ce moyen réussit parfaitement[1].

» Le sol commence à s’améliorer dans le voisinage du bourg de Tchaourk, à présent Kolyvan. On y traverse le fleuve Obi, un des plus considérables de toute l’Asie. On aperçoit à l’horizon méridional les montagnes d’Altaï, dont les traces se retrouvent dans la chaîne de collines boisées qui forme ici la vallée du fleuve. Le granit s’y montre déjà. Avant d’arriver à Tomsk, on rencontre dans ce pays sauvage et couvert de forêts un bon nombre d’habitations tartares, qui se composent de yourtes en tout semblables à celles de Tobolsk.

» Tomsk est la capitale du gouvernement de son nom. Cette belle ville est bâtie sur la rive droite du Tom, sur un terrain très inégal et coupé par des éminences et des fonds. La population peut être de sept mille ames. Une grande partie de la ville est composée de Tartares mahométans. Le commerce de Tomsk est très-considérable. On y trouve beaucoup de tanneries de cuirs de Russie et des imprimeries sur étoffes. Cette ville est très-avantageusement située pour le commerce ; la grande route qui conduit à la frontière chinoise la traverse, aussi fait-elle à elle seule une grande partie

  1. Le jugement de M. Erman nous parait bien sévère. N’a-t-il pas confondu avec des voleurs un grand nombre de déportés pour délits politiques.