« Quand on revient de Berezov à Tobolsk, capitale occidentale de la Sibérie, on trouve les derniers Ostiaks sous le 60e degré de latitude. Il paraît qu’ils n’osent ou ne veulent pas s’approcher davantage de cette ville. Là où les Ostiaks finissent commence l’agriculture ; quelques-uns même des Ostiaks les plus méridionaux se sont mis à cultiver les champs ; mais, en général, la pêche reste leur occupation principale. Au sud des derniers villages ostiaks on rencontre ceux des Russes. On est étonné de retrouver tout près de Tobolsk des yourtes, ou luttes ostiakes très-pauvres et enfumées. Elles ressemblent beaucoup à celles des Ostiaks eux-mêmes ; mais la cheminée, construite en terre glaise battue, renferme toujours un chaudron. Si l’on y entre le matin, on voit tous les habitans assis à la turque autour de la cheminée et de la théière en briques, dans laquelle bout le thé. Ce thé est un des principaux articles du commerce que les Russes font à Kiakhta avec les Chinois ; il forme en partie la nourriture des paysans russes de la Sibérie, des Tartares, des Bouriates et des Toungouses. C’est un mélange de feuilles de plusieurs arbustes et plantes, dans lequel la feuille du thé véritable n’entre pour rien.
» Après avoir échaudé ces feuilles, on les humecte avec le serum du sang des moutons, et on en forme de grandes tablettes, presque aussi dures et aussi compactes que des briques. On fait cuire ce thé avec du lait, du beurre ou de la graisse