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VOYAGES.

pule d’user de ce moyen pour payer leurs dettes ; à plus forte raison s’en serviraient-ils contre des individus qu’ils considéreraient comme des usurpateurs. Ce que j’ai vu du caractère des Portugais sur la côte d’Afrique m’a partout paru hideux, et j’avoue que je n’oserais m’établir à côté d’eux qu’en état de guerre ouverte, de guerre d’extermination : je pense que l’état de paix serait infiniment plus dangereux.

Le second obstacle vient de la nature même du pays, où les transports par terre sont très-dispendieux, lorsqu’ils ne sont pas impossibles : il faut donc habiter le bord de la rivière. La Cazamanse laisse à découvert sur ses deux rives, à la marée basse, de vastes plaines de vase, couvertes d’herbes ; ce terrain mou rendrait les chargemens et déchargemens pénibles ; les miasmes qui s’en exhalent doivent être mortels pour tout étranger qui s’y établit, à moins que sa santé n’ait été éprouvée par un long séjour sur la côte.

Les personnes venant du Sénégal et visitant la Cazamanse doivent trouver le pays superbe sous le rapport de la fertilité ; mais si l’on voulait y établir une colonie, ma seconde objection existerait toujours, et l’on ne pourrait lever la première qu’en déployant des forces considérables, vu la mortalité.