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CORRESPONDANCE ET NOUVELLES.

boutique, il l’accabla d’injures et de menaces. Le Turc, croyant avoir affaire à un fou, écouta d’abord patiemment les propos les plus outrageans ; mais Matteo irrité encore davantage par ce sang-froid, se livra à de nouvelles provocations. Les voisins se réunirent alors devant la porte du boucher, la garde fut appelée et mit fin au désordre en arrêtant le perturbateur.

» Conduit d’abord devant le mollah, il continua à proférer les mêmes invectives et à outrager la religion mahométane. Le mollah le considérant comme un homme privé de son bon sens, en référa au pacha, devant lequel Matteo fut conduit. Le pacha, après avoir entendu toutes les imprécations qu’il vomissait contre lui et contre la religion du prophète, s’apercevant que son exaltation était en partie produite par l’ivresse, le fit mener en prison, et lui donna trois jours, non pas pour déclarer une seconde fois qu’il était mahométan, mais tout simplement pour réfléchir à sa position et apporter plus de modération dans ses discours. Au bout de ce terme, Matteo fut de nouveau traduit en présence du pacha, et son emportement ayant pris une nouvelle fureur qui s’exhalait en termes les plus outrageans, le pacha l’abandonna à son sort, et il fut décapité le 25.

» Le capitaine ionien qui l’avait amené avait cherché à le sauver en le faisant réclamer comme un de ses matelots ; S. Exc. Yussouf pacha accueillait avec empressement ce moyen de le délivrer ; mais les exhortations du prêtre grec avaient fait une impression trop profonde sur cette tête jeune et ignorante, et Matteo s’était refusé obstinément à tout moyen de conserver sa vie.

» Une foule immense de Grecs s’était portée sur le lieu de l’exécution, et se précipita, malgré les efforts de la garde pour la retenir, sur le cadavre de celui que le fanatisme et l’ignorance lui font considérer comme un saint martyr, pour dérober quelques gouttes de sang, ou quel-