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ALBUM.

Ce dernier prince est le héros du roman. On sait que ce monarque, qui était le plus beau et le plus vaillant guerrier de son siècle, fut d’abord chassé par ses sujets, qui mirent à sa place Ægidius ; mais celui-ci s’étant rendu odieux par sa tyrannie, il fut à son tour renversé du trône, où Childéric remonta à sa place. Quelques-uns des personnages appartiennent donc à l’histoire ; les autres sont de pure invention.

L’ouvrage, du reste, annonce une instruction et des connaissances historiques qu’il est rare de trouver dans une femme, et les notes placées à la fin de chaque volume prouvent que madame Dieudé avait non-seulement étudié l’histoire du temps qu’elle retrace, mais qu’elle connaît aussi bien l’histoire ancienne et moderne, et quelques langues étrangères.

Le style de l’ouvrage est pur. Les scènes d’amour y sont peintes avec une réserve remarquable ; elles traînent quelquefois en longueur, mais elles sont toujours vraies. Il y a des passages vigoureux et fortement touchés : en un mot, l’auteur a su rendre son héros intéressant au milieu même de ses désordres et tirer parti d’une époque barbare qui semblait dépourvue d’évènemens propres à émouvoir la sensibilité du lecteur. Toutefois nous nous permettrons quelques observations.

Childéric nous semble pour cette époque un peu trop civilisé dans ses manières et son langage. Nous trouvons aussi que l’auteur a fait son héroïne d’une vertu trop rigide. Éthelgide, en effet, épouse un certain Brithennès. Au bout de quelque temps de mariage, il part pour l’armée, et bientôt Éthelgide apprend la fausse nouvelle de sa mort. Il y a déjà plus de trois ans qu’elle croit l’avoir perdu, lorsque son père Arbogaste donne l’hospitalité à Leutharis, lequel Leutharis n’est autre que Childéric fils de Mérovée, qui, retenu chez Arbogaste par une blessure, parvient dans cet intervalle, et sous ce nom supposé, à se