il faut le dire à sa louange, tout ce qui est de son invention est bien supérieur à ce qu’il a pu calquer sur le poète italien. On peut en juger par cette scène dramatique qui termine le troisième acte. — Bertold, duc de Rimini, a ordonné un tournoi pour célébrer le retour de Paolo, son frère. Un instant on l’a cru blessé, et Françoise s’est éloignée avant que la lutte ne fût terminée ; elle était trop émue ! Paolo revient victorieux ; c’est pour Bertold une occasion de confirmer les horribles soupçons qu’il a conçus ; il insiste pour que ce soit Françoise elle-même qui décerne l’écharpe au vainqueur, et lui donne le baiser, prix de la victoire. Françoise troublée refuse ; mais Bertold le veut ; il avait déjà tout compris !… Cette scène, essentiellement dramatique, est toute de l’auteur. Il est donc à regretter qu’il n’ait pas demandé davantage à son imagination !… Résumons-nous. Les deux premiers actes sont froids ; il y a un peu trop de mysticité, même pour cette époque. On trouve une belle scène au premier acte, de belles pages au quatrième ; ce sont des scènes d’intérieur touchantes, des événemens domestiques, comme dit l’auteur, des chagrins comme il en est entré dans le cœur de bien des femmes !… enfin il y a de la passion vraiment sentie et de la vérité dans le dernier acte, peut-être un peu trop de déclamation !
Quoi qu’il en soit, on ne se permettra pas, sans doute, d’adresser à M. Drouineau le reproche mal fondé que l’on a fait à cette nouvelle école, déjà si féconde en beaux talens, d’outrager la mémoire de nos grands maîtres. Écoutez M. Drouineau dans la préface de son drame : « Jeunes gens que nous sommes, dit-il, inclinons-nous devant les grands génies qui nous ont dotés d’un théâtre si riche, si beau, si admirablement régulier ! Hommage à Molière, à Corneille, à Racine, à Voltaire, noms que tout Français ne devrait pas prononcer sans un tressaillement d’admiration et d’orgueil. Ne l’oublions point : autrefois,