De plus, dans la circonstance actuelle, toutes les puissances étaient intéressées à ce que l’insurrection grecque n’anéantît pas le commerce de l’Orient. Elles pouvaient consentir à reconnaître le blocus pour les côtes de la Grèce, pourvu cependant que les Grecs le protégeassent par une force effective ; mais non à ce que, sous ce prétexte, ils infestassent de leurs courses les mers du Levant. L’Angleterre était dans une position différente des autres puissances : elle a toujours refusé de reconnaître les principes de blocus que j’ai rappelés plus haut ; et, puisqu’elle s’efforce de faire prévaloir les principes contraires, elle devait donc en permettre l’exercice aux Grecs, quoique ses intérêts s’en trouvassent momentanément blessés[1]. Les Grecs, à qui cette observation n’échappait point, s’enhardirent à pousser leurs courses bien au-delà des limites où elles auraient dû être restreintes. Ils essayèrent de visiter des bâtimens sous escorte anglaise : on le leur permit. Ils tentèrent alors les
- ↑ La station anglaise était alors commandée par le commodore Hamilton, dont les opinions philhelléniques étaient fort prononcées. On lui reproche avec raison d’avoir le plus contribué à donner cette hardiesse aux Grecs. Il était à Syra en 1825, lorsqu’une goëlette grecque, appartenant même à Fabvier, et commandée par un nommé Decroze, vint lui demander la permission de visiter un navire anglais, mouillé à côté de lui, et qui, disait-on, avait à bord des vivres destinés aux Turcs. Le commodore le permit ; le bâtiment fut visité, emmené à Égine et déclaré de bonne prise. On conçoit combien la réussite de cette tentative encouragea les Grecs. C’est à cette époque qu’on a vu la piraterie prendre son plus grand essor.