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LA GRÈCE EN 1829.

qu’une insurrection prétende à être traitée comme une puissance belligérante, il faut qu’elle ait pris auparavant une consistance respectable, que le soulèvement des Grecs était loin d’avoir à son début. Si on a parlé des Autrichiens plus que des autres, c’est que leur commerce est à beaucoup près le plus considérable dans le Levant, et que sur quelque point qu’on le cherche, on y voit son pavillon en immense majorité. Enfin ce commerce a besoin d’alimens, et il ne faut pas s’étonner que, lorsque les troubles de l’Orient paralysaient toutes les affaires, il se soit porté où il trouvait de l’emploi.

Je me suis permis cette digression au sujet des Autrichiens, parce que, dans toutes ces circonstances, l’esprit de parti a singulièrement dénaturé les questions, et que, par une étonnante aberration, ce même esprit, qui se fait gloire de son indifférence religieuse, qui repousse si hautement le principe de l’intervention dans les affaires d’autrui, a voulu qu’un traité conclu avec les Turcs ne fût point un traité sacré, et que dès que leur gouvernement, qui nous accorde dans son propre pays des avantages dont le commerce ne jouit nulle part ailleurs, se trouverait dans l’embarras, ses alliés répondissent à sa confiance en épousant la cause de ses sujets révoltés[1]. Enfin la cause des Grecs a prévalu. Ils se sont constitués en nation, et ont réclamé pour la guerre

  1. C’est le renversement de tous les principes que d’avoir fait un crime à des bâtimens ioniens et autrichiens de ce qu’ils avaient été porter des vivres à Patras et à Napoli, lorsque, depuis quelques