C’est ici le lieu de dire quelques mots d’un des principaux incidens de la révolution grecque. Pendant cinq années, tout le commerce du Levant a été pillé par des pirates. Il était devenu impossible à un bâtiment non escorté de les éviter ; c’est ainsi qu’on a vu à Alexandrie cent bâtimens arriver les uns après les autres ; tous, à l’exception d’un seul, avaient été dévalisés en route. La piraterie s’exerçait de deux manières, sur de grands bâtimens, bricks ou goëlettes, et sur des barques ; cette dernière n’était pas la moins dangereuse. La piraterie en grand tenait à plusieurs causes ; les gouvernemens provisoires qui se sont succédés en Grèce lui ont les premiers donné l’essor ; la suspension du commerce, qui réduisait à la misère toutes les populations commerçantes, l’a encouragée ; enfin la tentation d’un gain facile l’a perfectionnée, pendant que le désordre et l’absence de toute loi la protégeaient.
C’est le gouvernement qui en a fait le premier essai. Dès que la guerre éclata, les Grecs s’empressèrent de déclarer en état de blocus toutes les côtes de l’Archipel. Cette prétention pouvait être admise à la rigueur pour les parties dans lesquelles l’insurrection avait pris un caractère de fixité. En réalité, les Grecs n’étaient que des sujets révoltés, et rien ne devait s’opposer à ce que les puissances amies de la Porte continuassent à communiquer