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HISTOIRE.

Mais qu’est-elle devenue quand tous les matelots l’ont désertée tout à coup, et quand les Turcs se sont trouvés livrés à eux-mêmes sur un élément tout nouveau pour eux ? Incapables de diriger leurs bâtimens, l’ennemi qu’ils redoutaient par-dessus tout était la mer. Comment auraient-ils été en chercher d’autres, tels que ces terribles brûlots ? De leur côté, les Grecs, bons manœuvriers, observaient de loin des masses qui les auraient écrasés de près ; ils n’osaient même pas en approcher à une distance où ils auraient cependant pu conserver la liberté de leurs mouvemens, même en combattant. Aussi toutes les rencontres entre les deux flottes se sont-elles bornées à des canonnades qui se passaient à des distances considérables. C’est ce qu’on appelait une bataille. Elles se terminaient toujours à l’avantage des Grecs. Faisaient-ils mine de diriger un brûlot sur les Turcs, la confusion se mettait soudain parmi ceux-ci ; ils fuyaient en désordre vers les Dardanelles, ou se jetaient à la côte. C’est seulement ainsi que les Grecs sont parvenus à prendre quelques bâtimens de guerre sur leurs ennemis.

Telle est, en deux mots, l’histoire de toute la guerre maritime entre les Turcs et les Grecs ; et à part quelques actes isolés, en petit nombre, tels que ceux de Canaris avec ses brûlots, c’est à cela que se réduisent les hauts faits d’armes dont ces derniers se sont si fort vantés. Quoi qu’il en soit, ils leur ont été profitables : c’est tout ce qu’ils pouvaient désirer ; mais ils n’ont pas eu aussi bon marché des Égyptiens. Ceux-ci savaient tenir la mer, et