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HISTOIRE.

sons-nous ici que le nouveau pavillon grec soit assuré de trouver toujours réception amicale dans les ports turcs et au passage du Bosphore.

Aujourd’hui, il est vrai, la Porte l’a formellement reconnu ; néanmoins il est encore permis de conserver quelques craintes pour l’avenir : nous avons assez d’exemples de la manière dont les Turcs exécutent les traités auxquels ils ont été contraints par la force, pour ne nous abandonner qu’avec réserve aux promesses faites à Andrinople.

Quoi qu’il en soit de cette défiance, qui nous paraît surtout justifiée par la position respective des Turcs et du nouvel état grec, toujours est-il qu’Hydra et Spetzia rencontreront dans le commerce du Levant d’immenses obstacles, qu’elles ont peu d’espérance de pouvoir entièrement surmonter.

Quant au commerce de la Grèce avec l’Europe, il est bien loin de suffire à maintenir une prospérité factice comme la leur. Il faudrait alors que la population et les capitaux qui sont à Hydra et à Spetzia prissent une autre direction, et fussent rapportés dans l’intérieur du pays. Ce serait loin, à mon avis, d’être un malheur pour la Grèce. Ce qu’il lui faut aujourd’hui, par-dessus tout, c’est que le pays se réorganise, et que des capitaux viennent y faire refleurir l’agriculture. Ces soins sont bien autrement importans que ceux de la navigation extérieure, qui n’est bonne pour un pays que lorsqu’il a de quoi échanger avec les autres, et qui, si elle enrichit un port ou une ville isolée, n’enrichit pas tout un peuple, lorsque la prospérité n’est