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LA GRÈCE EN 1829.

rope a embrassée avec ardeur. Serait-il possible que nous nous soyons si cruellement abusés dans nos espérances de liberté et de gloire ? nous voudrions en douter encore. D’un autre côté, il semble difficile de résister à l’autorité d’un si grand nombre de faits. Quel que soit le jugement qu’ils feront naître, nous pouvons du moins assurer qu’ils ont été recueillis avec conscience et sincérité, et nous nous trouvons heureux de pouvoir en donner une preuve frappante dès ce moment.

On se rappelle à combien d’attaques violentes le gouvernement de M. le comte Capo-d’Istria s’est vu exposé depuis quelque temps. Parmi les feuilles étrangères qui ont manifesté le plus d’acharnement envers le noble comte, il faut distinguer au premier rang le Courrier Anglais et le Courrier de Smyrne. Le jugement de cette dernière feuille, trop peu appréciée en Europe, avait produit sur notre esprit une impression d’autant plus profonde qu’elle renferme en général des renseignemens fort exacts sur la situation de la Grèce et celle de l’Orient. Les deux journaux reprochent surtout à M. d’Istria un grand nombre d’actes arbitraires et la violation même des lois qu’il avait juré de maintenir. L’accusation semble fondée. Mais il paraît aussi que le président, au milieu de l’effroyable désordre qui agitait le pays lors de son avénement aux affaires, n’avait pas d’autres moyens de sauver la Grèce, et, d’après M. S… de D, il ne s’en est servi qu’à la dernière extrémité. « Il faut, dit-il, dans ce pays