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DES GRECS MODERNES.

effets de la désorganisation civile et morale, que le voyageur observe dans ces contrées avec un sentiment bien douloureux.

» Les tempêtes avaient à peine cessé vers la fin de février, et les vents du nord-ouest commençaient à ramener le beau temps, que déjà plusieurs bâtimens de pirates apparurent au cap Colonne et sous Macronisi. Les forbans firent une descente dans cette île déserte, qui n’est plus qu’un pâturage appartenant aux Zéotes ; ils abattirent une quantité de brebis et de chèvres, et maltraitèrent les bergers. Une capture plus riche suivit de près. Un bateau zéote, chargé d’huile, venant d’Égine et se rendant à Andros, fut pris par un de ces forbans qui le conduisit à Zéa même, où il s’arrêta à la petite baie du nord (auprès de Spanopoulo) ; de là il entama des négociations pour la rançon, et demanda mille piastres pour rendre la prise. Comme la cargaison en valait le triple, le pauvre batelier se donna toutes les peines imaginables pour recueillir à Zéa le montant de la rançon, ne demandant l’argent que pour quelques jours, jusqu’à ce qu’il eût conduit la cargaison à Andros. L’essai fait par un bâtiment de commerce anglais (capitaine Lothrington) qui se trouvait dans le port de Zéa, de surprendre le pirate à l’aide d’une chaloupe bien armée, essai que nous secondâmes de notre mieux, n’eut pas de succès. Le brigand, ayant toujours quelques vedettes placées sur le rocher voisin, voyait à peine un grand bateau s’avancer hors du port à coups de rames, qu’il se doutait de suite que c’était à lui qu’on en