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HISTOIRE.

rité, qu’on l’aide par des moyens humains et sages, tels qu’ils conviennent aux nations chrétiennes, à se rétablir dans sa condition primitive, à se donner un état et une loi ; car la loi et l’état sont en effet le remède et l’école des peuples : or ni l’un ni l’autre ne se trouvent dans le chaos qu’on appelle l’empire turc. Est-ce que l’édifice délabré qu’on nomme la Sublime-Porte se soutient autrement depuis un siècle, qu’au moyen de deux cariatides étrangères, l’intrigue et la jalousie réciproque des chrétiens ? Il est vrai que ces cariatides sont robustes et vigoureuses, et qu’elles ont de larges épaules. »

Les vœux de M. Brondsted pour le rétablissement de la Grèce ont en partie été exaucés, mais les maux causés à ce pays par la domination ottomane sont vivans, et la plaie saigne encore. « En effet, le despotisme des Osmanlis, forme de gouvernement innée pour ainsi dire, et organique chez cette race d’hommes, n’étant par sa nature même convenable qu’à un petit peuple nomade, avec des mœurs patriarcales et très-simples, se trouve nécessairement forcé, dès qu’on l’applique à un grand empire composé de mille élémens hétérogènes, de soumettre la plupart des choses à l’arbitraire de quelques individus. Or les individus passent, et le bien produit par leur bonne volonté périt tôt ou tard avec eux. » Les mesures malfaisantes au contraire laissent une trace profonde ; elles durent, et leur effet se continue. Ainsi les Grecs, soumis à des barbares, ont désappris graduellement leur belle civilisation ; l’inappréciable avantage qu’ils ont conservé sur