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HISTOIRE.

rent aggraver les premières. Les uns pouvaient à peine soutenir le poids de leurs armes ; les autres, épuisés par une marche pénible dans des chemins profonds et presque impraticables, tombaient et mouraient sur la place : plusieurs périrent d’inanition, car l’armée n’avait guère d’autre subsistance que des racines, des grains sauvages, et la chair des chevaux que l’empereur faisait tuer et distribuer à ses troupes ; une partie se noya dans les torrens, tellement gonflés par les pluies, qu’en les passant à gué, on y entrait dans l’eau jusqu’au menton ; il y en eut un grand nombre de tués par l’ennemi, qui, pendant la plus grande partie de leur marche, ne cessa de les inquiéter et de les harceler le jour et la nuit. Enfin ils arrivèrent à Metafuz, et le temps devenant tout à coup assez calme pour favoriser la communication de la flotte avec l’armée, ils retrouvèrent des vivres en abondance, et se livrèrent à l’espérance de se voir bientôt en sûreté.

Dans cet horrible enchaînement de malheurs, Charles déploya de grandes qualités, que le cours suivi de ses prospérités ne l’avait pas mis jusqu’alors à portée de faire connaître. Il fit admirer sa fermeté, sa constance, sa grandeur d’ame, son courage et son humanité ; il supportait les plus grandes fatigues comme le dernier soldat de son armée ; il exposait sa personne partout où le danger était le plus menaçant ; il ranimait le courage de ceux qui se laissaient abattre ; il visitait les malades et les blessés, et les encourageait tous par ses discours et par son exemple. Quand l’armée se rem-